Séville, la Porte du Prince pour El Rey
Séville et Roca Rey se sont réconciliés lors de cette tarde de Porte du Prince.
Roca Rey voulait sortir par la Porte du Prince et il l’a fait. Il a coupé deux oreilles au premier, noble quasi soso, après une faena spectaculaire qui a porté sur le public. Le cinquième est compliqué et exigeant. Faena pour aficionados, en grand lidiador et dominateur, Roca Rey s’impose, tue bien et coupe une oreille de bien plus de poids que les deux précédentes.
Appliqué et très motivé depuis le début de la Féria de Séville, Pablo Aguado a enfin touché un toro qui lui a permis de s’exprimer et de couper une oreille .
Les jours se suivent mais ne ressemblent pas pour Juan Ortega. Mal servi par le sort, il n’a pas pu faire grand-chose avec ses deux adversaires et a vécu une tarde de silences. . On retiendra quand ses deux très bonnes estocades. .
Les toreros
Bien débuté à droite, la faena de Juan Ortega va à menos par la faute d’un toro juste de forces et manquant de race. Il y a eu quelques beaux gestes du torero mais pas beaucoup d’émotion par manque de transmission du bicho. Le quatrième est faible et n’offre pas beaucoup d’options au torero. De la faena, on retiendra la sincérité et l’efficacité de Juan Ortega quand il s’agit de tuer. Silence
Le second est anovillado. Il a un bon piton droit dont profite Roca Rey pour construire une faena spectaculaire qui porte sur le public. L’épée est très efficace mais caidita ; Deux oreilles, le Péruvien est venu pour ouvrir la Porte du Prince.
La seconde faena est d’une tout autre dimension. Le Toros de Cortès est compliqué et exigeant. Roca Rey le toréé avec efficacité, aguante et domination. Chaque muletazo pèse sur un animal qui restera incertain jusqu’au bout. L’épée est portée avec engagement et une oreille, de plus de poids que les deux précédentes, tombe.
Le troisième est lui aussi anovillado. Il manque de race et va rapidement à menos, devenant soso. Dans un tel contexte, et malgré l envie et le temple de Pablo Aguado, la faena manque de transmission. La seconde épée est excellente et rapide d’effet. Salut. Le dernier est noble et permet à Aguado de lier de belles séries des deux mains. La faena, bien conclue par une belle épée, est récompensée d’une oreille.
Les toros
Très inégaux de présentation, hétérogènes de comportement les Victoriano del Rio (et Toros de Cortès) de Séville n’ont pas constitué un grand lot de toros. Mais au contraire des toros des jours précédents, ils avaient , du moins les lots de Roca Rey et de Pablo Aguado, un peu de fond. Ils ont permis au Péruvien et au Sévillan de s’exprimer chacun dans son registre lors de cette corrida, somme toute, entretenue.
Fiche technique
- Arènes de Séville, 12ème corrida de la Féria d’Avril 2024, quatre toros de Victoriano del Rio et deux Toros de Cortes (3ème et 5ème)pour
- Juan Ortega :silence, silence
- Roca Rey : deux oreilles, une oreille (avis)
- Pablo Aguado: salut, oreille
- Treize rencontres et douze piques
- Le public invite Juan Ortega à saluer à l’issue du paseo.
- Président : :Gabriel Fernandez Rey
- Lleno de « No Hay Billetes »
- 24°? des nuages. Il a plu au sixième
Toro à Toro
Tordillo Juan Ortega
Le premier est applaudi à son entrée en piste. Il se freine dans le capote de Juan Ortega. Il prend une première pique très en arrière sans s’employer. Mal mis en suerte, il vient une seconde fois pour un simple picotazo. Au second tiers, il est distrait et sort des capotazos tête haute. Ortega commence sa faena par le haut, ce qui n’empêche pas le toro de fléchir. Une bonne série templée à droite , le Victoriano perd à nouveau l’équilibre. Il est noblote, juste de forces et de peu de race. Ortega prend la main gauche. Sur ce piton, l’animal a encore moins de charge. Les derechazos suivants pâtissent du manque de transmission du bicho. La faena va à menos. L’épée est entière mais légèrement tombée et de travers. Le Victoriano del Rio va mourir aux planches. Silence.
Cojito Roca Rey
Le second est anovillado et juste de présentation mais à Séville cela passe. Il embiste et les premiers capotazos de Roca Rey sont applaudis. Il prend deux puyazos sans s’employer par manque de forces. Le Péruvien brinde au public. Il cite le toro au centre du ruedo et le reçoit de rodillas par cambiadas et pechos puis trinchera. La musique joue.
Le début est spectaculaire et porte sur le public. Le Victoriano est noble et Roca Rey lie, sans se croiser, deux séries de derechazos qui pèsent sur le bicho et les gradins. A gauche, il met un peu plus la jambe. Le péruvien domine un toro meilleur à droite que sur l’autre piton. Roca Rey revient sur le bon côté et réduit les terrains de manière brouillonne. Il subit une voltereta sur une faute de placement. Il reprend les hostilités par des bernardinas qui portent sur le public. L’épée est entière et caidita avec un effet quasi immédiat. Le président sort les deux mouchoirs.
Soleares (Toros de Cortes) Pablo Aguado
Quelques sifflets fusent des gradins quand sort le troisième un Toros de Cortès anovillado. Pablo Aguado le reçoit avec classe à la cape mais se fait désarmer. Le bicho est juste de forces, il prend deux puyazos sans s’employer. Juan Ortega prend son tour de quite et lie deux delantales et une demie superbes, Aguado répond par chicuelinas. Début de faena, le sévillan enchaîne passes par le haut et trincheras. Première série à droite, le toro embiste et le torero toréé avec temple. Dès la seconde, le toro va à menos. Le torero toréé bien mais le toro manque de classe et de transmission. A gauche, le bicho a moins de charge et est limite soso. Aguado prend l’épée de muerte, première entrée à matar, pinchazo, le torero se fait accrocher. La seconde épée est la bonne et tue bien et rapidement. Salut
Ebanista Juan Ortega
Le quatrième sort abanto. Mieux fait que les deux précédents, il arrache la cape de Juan Ortega. Le bicho prend une première pique en mettant les reins mais sans parvenir à bouger le cheval. Il est juste de forces. La seconde pique est plus légère. Juan Ortega brinde comme Roca Rey au public. Début de faena par des doblones genoux ployés, le toro est noble mais il manque de forces. Le vent et la faiblesse de l’animal perturbent le torero et la faena ne démarre pas. Le torero prend la main gauche. Le Victoriano tombe au premier muletazo. Il ne sert pas à grand-chose de continuer mais le torero insiste. Il finit par prendre l’épée et tue d’une entière contraire portée avec sincérité. Silence
Descreido (Toros de Cortes) Roca Rey
Le bicho cherche à partir, Roca Rey baisse la main à mi-série et impose sa loi. A gauche, le Cortes s’emploie moins mais le torero ne s’en laisse pas conter. Retour à droite, le torero aguante une charge incertaine de l’animal. Il réduit le terrains et toréé de façon plus trémendiste ce qui porte sur le public qui se lève. La Porte du Prince est à portée d’estocade. L’entrée à matar est engagée, l’épée entière. Elle est un peu longue à agir et un avis sonne. Une oreille, les capitalistas peuvent s’échauffer.
Le cinquième est sérieux de présentation. Il ne livre pas dans la cape de Roca Rey. Le toro prend, sans s’employer, un premier puyazo « appuyé » et un second à peine plus léger. Le toro est plus compliqué que le second. Roca Rey l’entreprend par des statuaires en aguantant et sans perdre de terrain. Au centre le Péruvien continue par des derechazos qui pèsent sur le toro, qui est exigent, manque de le surprendre sur un extraño.
Le bicho cherche à partir, Roca Rey baisse la main à mi-série et impose sa loi. A gauche, le Cortes s’emploie moins mais le torero ne s’en laisse pas conter. Retour à droite, le torero aguante une charge incertaine de l’animal. Il réduit le terrains et toréé de façon plus trémendiste ce qui porte sur le public qui se lève. La Porte du Prince est à portée d’estocade. L’entrée à matar est engagée, l’épée entière. Elle est un peu longue à agir et un avis sonne. Une oreille, les capitalistas peuvent s’échauffer.
Forajido Pablo Aguado
Le dernier a une tête quasi vicoise. Juste de forces, il ne s’emploie pas dans la cape de Pablo Aguado. Le bicho semble attiré par les tablas. Le Victoriano del Rio prend une première pique en sortant seul au contact. Il revient au cheval et prend un puyazo sans pousser. Il est très juste de forces et la dernière rencontre est plus légère. Pablo Aguado brinde son dernier toro de la Féria au public. Il double son bicho avec élégance alors qu’il commence à pleuvoir sur Séville.
Le Victoriano n’humilie pas mais est noble et permet au torero de donner de bons derechazos en début de faena. Beaucoup d’élégance dans les muletazos qui suivent, la musique joue. Dommage que le toro manque de chispa. Les naturelles, qui suivent, ont beaucoup de classe. Le final est de ceux qu’apprécie Séville. Encore dommage que le bicho soit faible et n’ait quasiment plus de charge en fin de faena. L’épée en place est efficace et Pablo Aguado, enfin, coupe une oreille.
Thierry Reboul (corrida vue sur One Toro TV)