Séville, Perera ouvre la Porte du Prince
Ce mercredi, à Séville, Miguel Angel Perera s’est ouvert la Porte du Prince grâce à une faena bien construite et templée conclue par un grand coup d’épée.
Paco Ureña, mal servi par son lot, est passé sans peine ni gloire.
Borja Jimenez , torero fin et efficace, a confirmé qu’il est un des toreros à suivre lors de cette temporada 2024.
Les Parralejo, bien présentés, ont permis par leur noblesse aux toreros de s’exprimer.
Les toreros
Le premier est encasté et exigeant. La faena de Miguel Angel Perera est méritoire et élégante mais ne domine jamais vraiment le toro qui restera brusque jusqu’à la mise en suerte pour la mort. Une oreille. Perera s’est ouvert la Porte des Princes grâce à une très bonne faena, citant à distance un toro noble et surtout suave. Le torero a été excellent, le toro a servi et l’épée est superbe.
Paco Ureña salue après une faena appliquée et sérieuse mais tristounette, conclue rapidement à l’épée. Au vu de l’oreille de Perera, il aurait pu prétendre lui aussi à un trophée. Le cinquième est noblote et manque de transmission, Ureña s’applique mais la faena va rapidement à menos.
Borja Jimenez est un torero sincère, efficace et dominateur tout en étant fin. Son début de faena au troisième est excellent. Le toro allant à menos, il a un peu forcé le trait pour compenser le manque de transmission du bicho. Il coupe une oreille après une épée tombée. Le dernier manquait de rythme et de transmission, cela n’a pas empêché Borja Jimenez de construire une faena sincère et avec de bons passages à gauche. Salut après une épée basse.
Les toros
De présentation correcte, les toros d’El Parralejo ont été discrets au cheval. Nobles et parfois suaves, en particulier le lot de Perera, ils se sont laissé toréer à la muleta permettant aux toreros de mettre en place leur tauromachie. A l’exception du premier, ils manquaient un peu de transmission. Perera et Jimenez ont compensé par leur manière de toréer ce défaut. Ureña, le moins bien servi, a eu plus de mal et ses faenas n’ont pas passé la rampe.
Fiche technique
- Arènes de Séville, 2nde corrida de la Féria d’Avril 2024, six toros d’El Parralejo pour
- Miguel Angel Perera : oreille, deux oreilles
- Paco Ureña : salut, silence
- Borja Jimenez : oreille, salut
- Douze piques, un refilon. Ovation pour Alberto Sandoval au sixième
- Vuelta (de troisième tiers) au quatrième
- Salut des banderilleros au cinquième
- Président :Gabriel Fernandez Rey
- Petite demi-arène
- 24° soleil voilé
Toro à Toro
Panadero Miguel Angel Perera
Sérieux de présentation, le premier est rapidement fixé par Miguel Angel Perera. Pique légère prise en poussant pour la première, la seconde est un simple picotazo. Perera commence sa faena par des doblones. A droite, le toro est noble, répète mais sa charge est désordonnée mais il transmet. Le torero enroule le bicho, la tête est plus fixe mais la série se termine par un désarmé. Nouvelle série « enroulée », Perera est efficace et serein mais il ne corrige pas la brusquerie du bicho A gauche, il évite avec efficacité un extraño du Parralejo . Le final, en réduisant les terrains, est plus superficiel mais il porte sur le public. Pour conclure cette faena intéressante grâce à la transmission du toro et au métier du torero, Perera s’engage pour une entière en place. Une oreille
Turulato. Paco Ureña
Le second est un cinqueño. Il sort abanto puis fait une vuelta de campana sur une demi-véronique de Paco Ureña. Sans aucune mise en suerte, il prend deux puyazos en poussant sur une corne puis revient au cheval après la sonnerie. Borja Jimenez réalise un quite par chicuelinas conclu par une bonne demi-véronique. Début par doblones, le toro manque de prendre Ureña sur la seconde passe. Le toro est noble, répète mais envoie un coup de tête en fin de passe sur la première série à droite. Sur les suivantes, il met la tête en humiliant. Il est sérieux mais manque un peu de transmission. Les premières séries à gauche sont templées et déclenchent la musique. Le Parralejo va à menos et réduit sa charge. Ureña .toréé avec beaucoup de sincérité et une profondeur certaine mais toro et torero ne transmettent rien. Le torero de Llorca tue d’une entière caidita, petite pétition d’oreille .
Mayoral Borja Jimenez
Borja Jimenez met en suerte le troisième par chicuelinas marchées. Le toro, juste de forces, est économisé au premier tercio et prend deux picotazos. Le torero d’Espartinas répond à un bon quite de Perera par une série de capotazos élégants. Début improvisé par naturelles, le toro a chargé alors que le torero brindait au public. La faena commence vraiment par des derechazos efficaces et élégants. Le toro manque de forces et perd les mains à plusieurs reprises. A gauche, le torero est sincère et pèse sur le toro dommage que le Parralejo manque de charge. Borja toréé un peu plus le public sur les derniers muletazos pour maintenir l’intensité de la faena. L’épée est basse mais efficace.
Oloroso Miguel Angel Perera
Le quatrième proteste dans la cape de Miguel Angel Perera. Il prend deux puyazos légers sans s’employer. Le second tercio est mené avec efficacité et sincérité par la bonne cuadrilla de Perera. Le matador de Badajoz commence sa faena par derechazos (et quelques cambiadas) de rodillas. Il cite le bicho de loin pour une série de derechazos donnés avec temple. La deuxième série est tout aussi bonne profitant de la charge suave et de la noblesse du toro. La troisième série est supérieure. Perera laisse souffler le Parralejo avant de prendre la main gauche. Nouveau cites en donnant de la distance, les naturelles sont elles aussi templées même si le toro est moins bon sur ce piton. La dernière série en enroulant le bicho conclut avec classe cette très bonne faena. Adorños par bernadinas ponctuées par un pecho et deux trincheras. L’épée est de celles qui vous ouvrent la Porte du Prince . Le mouchoir bleu ne s’imposait pas compte tenu du premier tiers.
Tragaperras. Paco Ureña
Le cinquième est plus haut et charpenté que les quatre premiers. Il pousse mais sur une seule corne à la première rencontre. La seconde respecte la tradition et se limite à un simple picotazo. Le toro de Paco Ureña est noble mais juste de forces. Il cherche l’appui des planches et fléchit sur les premiers muletazos.Le matador le toréé à mi-hauteur. La faena est sincère mais une nouvelle fois la tauromachie d’Ureña ne transmet pas grand-chose. Le toro manque de classe et proteste parfois dans la muleta. A gauche, il charge sans conviction jetant un coup d’œil discret vers les planches. Malgré les efforts du torero, la faena va rapidement à menos. L’épée est très basse. Silence
Bandido Borja Jimenez
Borja Jimenez reçoit le sixième à Porta Gayola. Le toro hésite avant de charger la capote du torero qui enchaîne par des passes allurées. Le toro charge le cheval et prend un puyazo spectaculaire en mettant les reins. Un simple picotazo tient lieu de seconde pique. Alberto Sandoval est applaudi. Le second tercio est lui aussi spectaculaire. Borja Jimenez brinde au public. Il entame les débats en enchaînant passe par le haut et trincheras. Toujours avec beaucoup d’envie et de poder, le sévillan continue par des derechazos avant de prendre la main gauche. Le Parralejo est tardo et court de charge. La faena est sérieuse, appliquée dommage que le toro n’embiste pas et manque de transmission. Les naturelles de face sont d’une grande sincérité ; Elles sont dominatrices car elles obligent un toro qui sans le pouvoir du torero aurait fini parado. Beaucoup de classe dans les passes finales, le torero d’Espartinas conclut par une entière trasera et caîda. Salut
Thierry Reboul (corrida vue sur One Toro TV)