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Turquay, voyage au pays du toro gris.

Turquay, voyage au pays du toro gris.

Il n’est pas commun dans nos contrées , que le Santa Coloma ait la faveur d’un ganadero. Pourtant Manu (Emmanuel en fait) Turquay a choisi cet encaste si particulier pour perpétuer la tradition familiale du travail des toros qu’il soit camargue ou de race espagnole. Encore jeune, la ganaderia commence à se faire un nom et les dernières sorties des pupilles du « Mas des Cavales » à Eyguieres sont encourageantes. Tertulias a rencontré cet éleveur attachant , amoureux de ses bêtes et aux idées très claires.

L’époque Guardiola

Manu Turquay représente la troisième génération ganadera. Son grand-père gardian, vivait déjà avec les toros, son père Jean-François attrapa le virus taurin et le transmit à son fils  :

« Mon grand père que je n’ai pas connu était gardian salarié. Mon père l’était aussi et travaillait donc déjà dans les chevaux et les toros. Il travaillait chez Gallon et d’autres éleveurs de Camargue qui avaient à l’époque des croisés. Voulant se mettre à son compte, il a créé un élevage de chevaux de race Camargue. Avec une quarantaine de juments, il faisait naître, puis débourrait et vendait ses poulains. Il vivait de cette activité.

Il avait des terres entre Salon et Saint Martin de Crau. Toutes ses juments vivaient dans un environnement magnifique autour d’un étang alimenté par un ruisseau.  Un jour un agriculteur a malencontreusement versé du désherbant dans ce ruisseau. Le troupeau de juments a été décimé. il a récupéré des terres et s’est orienté vers la culture du foin.

Mon père avait la passion des toros. Il était associé avec des collègues et avaient quelques vaches espagnoles.  Mon père a récupéré les bêtes et a créé sa propre ganaderia en 1976. Il s’est orienté vers le toro brave en achetant du bétail à Tardieu, Ricard, etc.  Dans les années 80, il a réussi à avoir un semental de Guardiola (de 650 kgs). Il donnait des produits qui allaient au cheval mais qui devenaient compliqués par la suite. Cela a duré jusqu’en 1996. Entre temps nos produits se laissaient un peu plus toréer.

On a fait notre première novillada en piquée en compagnie de Jalabert en 1986 à Saint Gilles. Les novillos pesaient 550 kg et les novilleros s’en étaient vu. On est sorti en festival comme à Parentis, Pomarez. »

La leucose et les premiers Santa Coloma

« En 1996, il y a eu un problème de leucose (ndltr: maladie infectieuse et contagieuse des bovins d’origine virale). La DSV nous a proposé un abattage total. Nous avons donc envoyé à l’abattoir, et cela a été un crève-cœur, les deux cents bêtes de l’élevage. Nous avons été les premiers à le faire et avons perçu une indemnité misérable pour recréer la ganaderia. Stéphane Fernandez Meca connaissait un élevage à vendre à un prix qui rentrait dans nos moyens. C’était du Santa Coloma. Il s’agissait de la ganaderia El Siete créée à Béziers par un groupe d’amis.  Ils avaient acheté du bétail à Pablo Mayoral et avaient tout tienté. Nous avons fait affaire.  Le fait de rentrer les nouvelles vaches et toros a aidé mon père à passer le cap et surmonter cette dure épreuve.

A partir de cette date notre bétail était du pur Pablo Mayoral. »

De Pablo Mayoral à Buendia, l’aventure Santa Coloma continue.

« Nous avons rafraîchi le sang en 2015 avec du Buendia grâce à Yvon Verdier un ami nîmois (qui a créé l’association l’Ayuda) et qui après notre sortie en sans picadors à Rieumes nous a encouragé à perséverer dans cette aventure Santa Coloma. Il a créé l’Ayuda qui a organisé des fiestas camperas et cela nous a aidé.

Pour raffraîchir, nous sommes partis chez José Buendia del Cid qui avait du pur Bucaré. Les négociations n’ont pas été faciles mais nous sommes revenus avec cinq vaches et trois toros. On y est retourné deux fois de plus, en ramenant à chaque fois un lot de huit vaches. Ainsi nous avons créé une base Buendia et un raffraîchisssement du Pablo Mayoral.  Petit à petit la rame initiale disparait au profit des produits du rafraîchissement et du pur Buendia. L’ensemble nous donne beaucoup d’espoirs.

Les deux lignées sont mélangées et les sementales sont pur Buendia. L’objectif à la fin est d’avoir un sang Buendia. Le Pablo Mayoral s’il vient bien au cheval, transmet peu au troisième tiers. L’embestida du Buendia, transmet beaucoup plus. »

Manu Turquay, ganadero

L’éleveur a defini une ligne très claire, et sans concession il veut tracer sa route du toro version Santa Coloma. Nous avons échangé à bâtons rompus sur sa vision de l’élevage de toros braves.

Tertulias : « S’il n’y avait pas eu ce problème de leucose, est-ce que vous auriez du Santa Coloma aujourd’hui?»

Manu Turquay : « Quand le problème est arrivé, je n’étais pas à fond dans l’élevage. Moi, je voulais être torero. Pedro Romero voulait que je rentre dans son école taurine, ma mère n’a jamais voulu. A l’adolescence, j’étais plus souvent sur le tracteur qu’à m’occuper du bétail. Mon père sortait des bêtes compliqués. On n’était pas très bien vu, du coup, du monde taurin. La décision a été prise par mon père qui a toujours aimé ce type de toros. Je pense toutefois que même sans ce problème de leucose nous serions partis sur du Santa Coloma. »

Tertulias : « Le Domecq semblait pourtant être une voie plus aisée ? »

Manu Turquay : « C’est vrai qu’avec la  »facilité » des autres encastes, tu en vends plus aisément. D’un autre côté, quand tu as « l’exclusivité » du Santa Coloma (avec François André et La Golosina), les arènes qui veulent cet encaste t’appellent. En Camargue et en France tu as essentiellement du Domecq issu de la même origine. Nous avons une certaine originalité. C’e sont des toros que j’aime. Je me régale plus avec des toros qui vont  »a mas » et qui ont de la classe dans leur embestida qu’avec des toros qui démarrent fort, qui humilient plus ou moins, puis vont  »a menos ». »

Tertulias : « Au final quel est le type de toros que tu recherches ? »

Manu Turquay : « Je recherche un toro à l’image de ceux qui sont sortis cette année à Orthez et Riscle. C’est un toro encasté, qui humilie avec de la classe et qui tient la distance. Aujourd’hui on veut des toros qui ont de la toréabilité et le premier tiers passe inaperçu. Le toro de Riscle méritait trois piques, la lidia faite ne l’a pas permis et il n’a pu exprimer toutes ses qualités au cheval. »

Tertulias : « Tiens-tu compte de ce premier tiers dans ta sélection ? »

Manu Turquay : « Je sais que la toréabilité est importante à notre époque, mais si en tienta, la vache ne prend pas trois piques en partant de loin et en mettant les deux pitons, je l’élimine. Il faut qu’elle soit complète au cheval et à la muleta. Dans une année normale, sur vingt-cinq vaches tientées, on en garde quatre. Cette année j’en ai tienté trente et je vais en garder quinze. Pour nous, c’est fabuleux. Cela ne nous est jamais arrivé. Sur ma base de notes, elles sont à 9/10. J’ai même deux vaches qui ont été notées 10/10 cette année. Cela veut dire que le travail de rafraîchissement porte ses fruits. On a une base de travail excellente avec de très bonnes familles. »

Tertulias : « Si tu en gardes autant cela signifie que tu vas augmenter ton troupeau? »

Manu Turquay : « C’est le problème. Je vais me séparer des vaches qui donnent les moins bons produits , des produits irréguliers ou des vaches qui ne sont pas dans le type. Il y a deux ans avec le Covid, j’avais décidé de tomber à 70 / 80 mères. J’en ai aujourd’hui une centaine. Notre première piquée a fonctionné. Si on veut continuer à ce niveau et lidier deux piquées par an, il faut du bétail à la ganaderia. En plus dans cet encaste, les mères ne font pas un veau tous les ans comme dans les autres encastes. Chaque année, il y a entre cinquante et soixante naissances. »

Tertulias : « Combien de temps gardes-tu les vaches reproductrices ? »

Manu Turquay : « Je les garde tant qu’elles peuvent vêler. Quand cela devient compliqué pour elles de faire des veaux, je les sors du circuit et les laissent finir leur vie tranquillement sur le domaine. Elles le méritent. J’ai quatre sementales. Nous avons la chance d’être assez ouvert en familles et il n’y a pas besoin d’aller chercher de la diversité avec des apports extérieurs. En fonction du semental utilisé, je sais comment croiser les familles. »

Tertulias : « Quel est le maximum de consanguinité admissible? »

Manu Turquay : « Tu as des ganaderias qui tournent très bien à 80% de consanguinité. Tout dépend de la tare que la consanguinité va apporter. Dans certains cas, ce sont des tares physiques. Tu peux avoir des toros plus petits mais qui bougent énormément. Chez nous cela peut se traduire par de la faiblesse , d’autres des armures difformes. Si le taux de consanguinité devient générateur de tares, il suffit de faire des apports par un semental et le problème est réglé.

Après trouver un semental en Espagne, c’est une question d’argent. Chez Buendia, on a acheté trois toros puis on les a tientés. Les trois ont été approuvés. L’autre solution, c’est d’acheter vingt añojos et de les tienter tous. Un semental approuvé, cela vaut entre 20 et 30000€. Il y a du Santa Coloma à acheter en Espagne dans de petits élevages qui ont des origines telles que Flor de Jara. Il faut chercher. »

Tertulias : « L’objectif est de sortir régulièrement en novilladas piquées? »

Manu Turquay : « J’en discutais récemment avec Jean Baptiste Jalabert (La Golosina). Les non piquées ce n’est pas notre coeur de cible. Les Santa Coloma sont des animaux « techniques ». C’est donc compliqué pour un jeune apprenti de bien le comprendre , le saisir à moins que l’eral soit exceptionnel. J’ai fait quelques années de non piquées et les erales prenaient trop de capotazos ou de muletazos pour pouvoir briller. S’il fonctionne , il prend d’entrée des séries très longues après lesquelles il devient arrêté.  Le Santa Coloma va « a mas » mais il faut savoir le prendre sans le contraindre. En piquée, les novilleros ont déjà plus de métier et mettent mieux en valeur l’animal. La seule non piquée qui a vraiment bien fonctionnée c’est à Roquefort. J’étais en desafio avec Jean Louis Darré. C’étaient les premiers produits du rafraîchissement . Les deux erales étaient très bien sortis et les novilleros s’en étaient bien débrouillés. »

Tertulias : « Quels sont tes grands souvenirs? »

Manu Turquay : « Mes grands souvenirs, je les ai surtout au campo. Dans l’arène, pour l’instant, ce n’est que du stress. Nos sorties 2023 en piquée ont été intéressantes. Jusqu’à maintenant en non piquée on n’avait pas eu trop de chance. La novillada d’Orthez et le toro de la corrida de Riscle m’ont beaucoup apporté.  On a pu montrer du bétail, à l’image de celui qui sort très bien en privé. Le public a pu voir un panel de ce que peut produire la ganaderia. »

Riscle
Novillada Orthez
Riscle
Tertulias : « Au final , qu’est ce qui aide à faire la renommée d’une ganaderia ? »

Manu Turquay : « C’est le bouche à oreille. Nos toros sont jolis. Ils présentent bien et les gens aiment les voir en piste. Ils sortent de l’ordinaire. La taille du ruedo a de l’impact en fonction des encastes. Si tu as un toro qui manque de sérieux dans une grande arène, il a tendance à s’échapper. Les miens ne sont pas du style à aller aux planches. Ils ont tendance à aller au centre du ruedo. Aujourd’hui une arène de première catégorie ce serait trop tôt pour la ganaderia et trop de stress. Si je peux reconduire un toro en corrida comme à Riscle, je serais content. »

Tertulias : « As-tu envie de sortir une corrida complète ? »

Manu Turquay : « C’est l’objectif. Je pense que si on arrive à garder cette régularité, dans quatre à cinq ans, c’est envisageable. On peut commencer à taper à la porte de certaines arènes. Après je veux garder ce côté un peu piquant du Santa Coloma pas comme certains toros de cet encaste, qui sortent aujourd’hui sosos, et qui ne mordent pas. Les Valdellan qui sont sortis à Madrid, c’est le type de toros qui me plait. Ils sont sérieux. Ils ont du tempérament et poussent dans la muleta.

En tienta, une Buendia qui sort, tête dans les tendidos, puis remet la tête dans la muleta, chez moi elle est immédiatement éliminée. Les toreros se régalent à les toréer mais ce n’est pas le Santa Coloma que je recherche. Je veux que mes toros aient le museau dans le sable. C’est plus compliqué à lidier mais c’est ce que je recherche. De toute façon, je ferai toujours du toro qui me plait à moi quitte à tout faire passer en privé. Il faut de la toréabilité mais je ne veux pas faire du toro pour les figuras. Je sais très bien que les toreros qui se mettront devant, ce seront des Lamelas et des Robleño.Si j’avais eu comme seul objectif de vendre du toro, j’aurais mis du Daniel Ruiz et du Miranda de Pericalvo. »

Tertulias : « Es-tu prêt en terme de structure à franchir ce pas ? »

Manu Turquay : «  Pour les vaches, qui sont les cousines de celles de  La Quinta, oui. Pour les toros, Je pense par contre, qu’il va falloir que j’aménage mon campo en rajoutant des cercados. L’an dernier j’avais cinq toros. Un s’est tué. Maxime Solera a lidié les autres à la ganaderia. Ils ont pris trois piques en partant du burladero et ils sont sortis bons avec de la transmission. Un d’entre eux, quand il allait au peto, a fait reculer le cheval de deux mètres.

Il faut compter aussi sur les pertes naturelles car l’an dernier j’ai perdu deux toros. L’un blessé à l’œil, l’autre mort suite à une bagarre.  On n’utilise pas les fundas. Je préfère faire plus de lots avec des toros qui s’entendent bien. Je ne suis aujourd’hui pas fondamentalement contre les fundas mais le Santa Coloma si tu le contraints ou lui fait mal, il va s’en souvenir, je préfère donc éviter.  »

Tertulias : « Pour toi éleveur, quelle est la meilleure solution pour transporter et gérer les toros dans les corrales des arènes ? »

Manu Turquay : « Je leur donne l’habitude d’être ensemble et de passer du temps dans un corral ce qui facilite les débarquements. Pour le transport on a tout essayé : les amener 48 heures avant, au dernier moment, une semaine avant comme à Orthez, rien n’y fait. Mes toros lors du transport, ils perdent un tiers du poids. C’est une catastrophe. Il y a des encastes qui perdent moins que d’autres.  Le Domecq perd moins car il stresse moins quand on le met dans un camion. L’idéal serait probablement de les amener quinze jours avant.

Il y a aussi le problème de l’eau.  On devrait peut-être mettre un peu de chlore dans l’eau au campo pour les habituer. C’est compliqué de passer de l’eau d’une mare à de l’eau de ville. Les toros peuvent ne pas boire »

Tertulias : « Comment vois-tu l’avenir de la corrida ? »

Il y a deux ans on était à l’article de la mort . En 2023, tout le monde est content, les arènes se sont remplies. Je vois la corrida continuer pour l’instant. L’époque actuelle veut qu’il ne faut pas toucher aux animaux. Pour moi, cela ne durera pas. C’est une mode.

Je pense que les réseaux sociaux peuvent faire du bien à la corrida. Il n’y a jamais eu autant de vidéos de toros, de photos qui circulent. La tauromachie, c’est de l’art. Avant tu ne voyais les toros que sur Canal Plus ou si tu allais aux arènes. Aujourd’hui, Il y a plein de médias qui montrent et parlent de toros. Cela peut amener du monde, des nouveaux spectateurs aux arènes.

Tertulias : « Il en faut du moral pour être éleveur … »

Sur le plan économique, on ne gagne pas d’argent à élever des toros. Mais on fait des efforts parce que c’est notre, ma passion. Le toro te fait rencontrer du monde avec qui tu partages quelque chose.  Les toros nous prennent la moitié de notre temps et tout notre bénéfice.  C’est une passion tant que je pourrais le faire, je le ferai.  S’il le faut je réduirai la voilure mais rien ne m’empêchera de vivre ma passion. Le pire à gérer c’est le stress. Quand je mène des toros aux arènes ce n’est pas un bon moment. Bien sûr tu es content quand cela s’est bien passé mais quel stress ! »

Voir le reportage photos de Philippe Latour ⤵️
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Propos recueillis par Thierry Reboul et Philippe Latour

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