Vic, Dolores Aguirre ,mansos à émotion
Vic, Dolores Aguirre, mansos à émotion
A Vic la corrida de Dolores Aguirre a été une mansada de catégorie. Ce festejo a été la preuve que ce type de course peut-être intéressante . Le public a vu des tercios de piques à émotion sans qu’un seul des toros ( à part le second sur cetains puyazos) n’ait fait preuve de bravoure . Au troisième tiers les bichos se sont défendus plus qu’ils n’ont chargé et ont parfois fui le combat. Les toreros ont fait preuve de courage et n’ont pas baissé les bras face aux difficultés.
La conjonction des deux, mansedumbre des uns et courage des autres, a donné une course entretenue bien dans l’esprit vicois. Par contre faire saluer le mayoral est une hérésie. Il ne faut pas confondre émotion et qualité. Les Dolores Aguirre transmettaient de l’émotion, voire de la peur mais aucun n’était un toro de qualité y compris au premier tiers où ils sont souvent sortis seuls de leurs rencontres avec la cavalerie.
Alberto Lamelas, dans un contexte où il est à l’aise, a fait preuve de courage face à deux toros compliqués. Il a plus bataillé avec les toros qu’il ne les a lidiés d’autant plus qu’aujourd’hui lidier n’était pas une chose facile. Dans une arène qui lui est toute acquise, il aurait pu couper au moins une oreille mais les aciers en ont voulu autrement.
Luis Gerpe a conquis le public vicois par son courage et son abnégation. Face à deux mansos dangereux, Il a réussi à enchaîner des séries courtes en particulier face au tueur sorti en cinquième position. Dommage que ses mises à mort aient été aussi laborieuses. On reverra très certainement ce torero dans le Gers ou dans d’autres arènes toristes.
Maxime Solera a touché, avec le sixième, le toro le plus suave. Il a enchaîné de très belles naturelles. Malheureusement, le fosséen qui a tué avec la main droite, a pinché à plusieurs reprises et a perdu à l’épée l’oreille qu’il avait gagné avec sa muleta. Son premier adversaire s’est éteint dès le début de la faena et ne lui a pas permis de s’exprimer.
Fiche technique
- Arènes de Vic, 6 Dolores Aguirre bien présentés, mansos, compliqués mais transmettant de l’émotion pour
- Alberto Lamelas: salut, salut (un avis)
- Luis Gerpe salut, salut
- Maxime Solera: silence (un avis), salut
- Salut du mayoral à la fin de la course
- 21 piques, une chute, cavalerie Bonijol
- Président: Bernard Sicet
- Deux tiers d’arène
- Soleil et chaleur
Le reportage photographique de Philippe Latour
Toro à toro
Clavirejo I
Le premier entre en piste au pas. Il sort abanto. Il a tout du manso. Mal piqué, il se défend sur une corne et sort seul, lors des quatre rencontres. Compliqué et difficile à banderiller, c’est un vrai manso. Débutée par doblones, ’la faena est un combat. Le toro est dangereux, Alberto Lamelas courageux. Le bicho est imprévisible .Il charge quand il veut et va où il veut. Le danger est présent en piste. Lamelas s’engage mais pinche à plusieurs reprises. Cela se termine par un affreux bajonazo. Pitos à l’arrastre, salut et division de opiniones pour le torero.
Bilbatero
Le second est sérieux de présentation. Il est très bien reçu à la cape par Luis Gerpe. Il éjecte le piquero à la première rencontre puis prend la seconde en poussant. La troisième est superbe. La quatrième est ovationnée. Doblones efficace pour commencer , le bicho est exigeant . Sur la première naturelle il prend le torero Il lui inflige une voltereta et Luis Gerpe boîtera tout au long de la course ;A gauche le toro est impossible. Il y a de l’émotion en piste et Luis Gerpe a conquis le public gersois. La première épée est atravesada. La seconde est un pinchazo. La troisième est une demie concluante. L’arrastre et le torero sont ovationnés.
Caracorta
Mal nommé le troisieme toro est très armé et veleto. Il sort abanto. Maxime Solera le fixe. Sans se poser il prend trois piques en se défendant. Il n’a pas compris sa fiche de poste et ne s’intéresse que peu à ce qui se passe en piste. A droite le toro tourne court. Les premiers muletazos sont sincères, le bicho manque de fond.et s’éteint rapidement. Il reste de marbre malgré les efforts de Maxime Solera. Le fosséen abrége la faena. Il tue de la main droite et pinche à plusieurs reprises. Il finit par mettre une entière atravesada mais concluante. Un avis et silence.
Yeguizo
Le quatrième est haut et lourd. Il est suelto. Il pousse sur une corne lors des trois rencontres avec la cavalerie. et sort seul de la dernière. Ovation au banderillero qui s’est exposé. Le toro est violent et fuyard. Lamelas lui impose trois bonnes séries à droite. Il manque d’être pris à la quatrième. Les naturelles sont sincères et pèsent sur le toro. La mise à mort n’est pas à la hauteur de la faena. Un avis sonne quand Alberto Lamelas prend le descabello. Salut au tiers.
Caracorta I
Le cinquième est plus léger mais bien armé. Il est suelto. C’est un manso de catégorie. Il est piqué à trois reprises et en manso il sort seul à la dernière. Le toro est violent et dangereux. Il bouscule un banderillero. Doblones courageux, le toro est un manso perdido. Faena d’un autre temps, séries courtes et courageuses sur les deux cornes. Luis Gerpe s’engage et place une demie puis une autre sur un extraño du toro. La mise à mort est laborieuse et le toro tarde à tomber. Salut au tiers
Pitillo
Le dernier est sauté par Kévin Ribeiro le champion de France des sauteurs, Le périlleux vrillé est superbe. Le toro est court de charge. Il pousse à la première rencontre mais sort seul. Il en fait de même aux trois suivantes. Tercio de manso , Jean Loup Aillet est excellent et assure un tercio de piques sérieux et de respect. Malgré la mansedumbre du toro, Maxime Solera lui fait accepter trois séries à droite au centre. Petit à petit le toro devient suave et se laisse faire à la muleta. Le toro vient au pas, les naturelles suivantes sont excellentes. Le toro se laisse faire sans classe et ne transmet pas d’émotion. La mise à mort est laborieuse et se termine par une entière basse. Salut au tiers.
Thierry Reboul
Vive les Mansos. Lors de ma première féria de vic en 1981, c’était ce que j’avais entendu stupéfait à la tertulias après une cours de Justo Nieto. Ce soir c’est la même formule qui me revient pour cette course de Dolores Aguirre, passionnante avec toros très encastés (j’écarte le 1 et le 3) Je te trouve sévère avec le 2 qui fit montre d’une belle bravoure au cheval et d’une toréabilité à droite. Pour le reste dans une époque de toros sur roulettes on a même vu Luis Gerpe dominer son manso cinquième avecun début de faena en trincheras, il y a longtemps que je ne l’avais plus vu. Le salut du mayoral ne me semble pas si inopportun, car il vaut mille fois mieux une corrida encastada passionant que les babosas habituelles; Il n’a manqué que les épées pour voir aujourd’hui chaque matador partir avec une oreille. On en redemande des mansadas comme cela
Bravo Thierry pour cette resena très complète et articulée. Pour moi, la possibilité de vibrer un peu grâce à la précision de la transcription de l’esprit Vicois.
On y revit les émotions que l’on connaît avec les Dolores, souvent mansos con casta, très intéressants pour qui cherche l’émotion. Bonne continuité de feria et bonjour aux copains.
Lot superbe de présentation et des vaillants en face; ces mansos étaient d’autant plus dangereux qu’ils étaient souvent imprévisibles.
Je suis d’accord avec vous au sujet du salut du mayoral, mais à plusieurs reprises pendant cette course je me suis dit que le public vicois était en train de devenir aussi c… qu’ailleurs et incompétent au point d’ovationner le mayoral.
Mais au final je ne me suis pas du tout ennuyé.
Beñat
En effet si ce genre de course peut-être passionnant le mayoral n’a pas à saluer !!!! C’est une hérésie que de faire saluer un mayoral qui sort une mansada comme ça.Ces toros étaient tout sauf brave or que demande t on à un toro de combat ? C’est d’être brave ! = tout le contraire !
Le toro parfait est encasté, brave et noble
Or la noblesse « sélectionnée « en ganadéria finit par faire disparaître la bravoure (voir les babosas pour stars des ruedos).
Ne reste plus que la caste qui est l’ingrédient absolu
Un toro bravo sin Casta se apaga
Un toro noble sin casta est un Charoles
Donc à choisir, avant tout de la caste même si elle est mansa comme hier (on ne s’ennuie pas !!), après on peut avoir de la bravoure (bravura : agressivité), c’est bien ; de la noblesse c’est encore mieux (mais on peut rêver)
Pour finir : avant tout de la caste, et le lot d’hier n’en manquait pas donc salut au majoral
P.S. : carton jaune aux organisateurs et/ou à la présidence; cette dernière s’installant à exactement 18h08!
Beñat
Bien d’accord, c’est inadmissible cher Beñat. Mais, le must en la matière était Parentis en octobre dernier. La présidence, sortant visiblement d’un bon repas, était arrivée 10 minutes en retard, l’alguazil passait son temps à draguer une ravissante jeune femme dans le callejon, sans regarder la course , les picadors qui sortaient dans n’importe quel sens. Bref, à fuir, surtout quand on a connu cette plaza et son sérieux dans un passé récent, sans parler des Prieto de La Cal des années 80 qu’avait fait venir mon ami, le regretté Michel Courtier.