Vic , vingt piques et une oreille

Vic , vingt piques et une oreille

Luis Gerpe a coupé une oreille au dernier Dolores Aguirre d’une corrida intéressante . Damien Castaño a salué après une faena appliquée à son premier. Alberto Lamelas s’est trouvé en difficulté face à son premier, son second très ou trop piqué, s’est éteint au début de la faena.

Les toreros

Le premier est mansote, andarin, distrait et décasté. Alberto Lamelas fait des passes et subit bien plus qu’il ne torée un animal qu’il tue mal.  Silence. Le quatrième est très brave.  Il prend quatre piques de gala mais il y laisse toutes ses forces.  Quand Alberto Lamelas l’entreprend à la muleta,  il est totalement éteint.  Silence

Le second est très sérieux de présentation. Discret au cheval, il est toréé avec sincérité et une recherche artistique par un Damien Castaño. Le torero est motivé mais parfois brouillon. Castaño salue. Le cinquième n’avait pas de moteur. Silence

Luis Gerpe touche un pur Atanasio abanto puis brave au cheval. A la muleta, le toro ne s’emploie pas. Puis il part aux planches où il ne se livre pas.  Le torero le ramène au centre mais cela ne fonctionne plus. Il se fait prendre en portant une troisième épée, salut. Le sixième est un toro de respect face auquel Luis Gerpe se met avec sincérité et application. Faena de bon niveau conclue par une grande épée. L’oreille est largement méritée pas la vuelta du toro accordée par le palco.

Les toros

il se passe toujours quelque chose quand sortent en piste les toros de Dolores Aguirre. Très bien présentés ils ont pris vingt piques, certaines prises en poussant fort. Il y a toujours eu du danger en piste même s’il leur a manqué un peu de chispa et de durée pour faire de ce cette corrida intéressante une grande corrida de Dolores Aguirre. Cette corrida est une corrida vicoise avec des toros difficiles. S’est posé tout au long de la course, le problème du dosage des piques. Le quatrième, monument de bravoure, a laissé toutes ses forces dans son combat avec le groupe équestre, privant torero et public d’un troisième tiers potentiellement intéressant.

Fiche technique

• Arènes de Vic Fezensac, troisième corrida de la Féria 2024 six toros de Dolores Aguirre
  • Alberto Lamelas: silence, silence
  • Damian Castaño: salut, silence
  • Luis Gerpe:salut (avis), oreille
• Salut de Del Pozzo au premier, Mathieu Guillon au quatrième et de Joao Pedro Pacheco Da Silva et Francisco Javier Tornay au sixième
• Vuelta généreuse au sixième toro
• Vingt piques, cavalerie Bonijol. Antonio Garcia qui a piqué le quatrième est ovationné.
• Le mayoral a salué à l’issue de la course.
• Président: Bernard Sicet
• deux tiers d’arène
• Il n’a pas plu

La corrida vue au travers de l’objectif de Philippe Latour

Vic, la corrida de Dolores en photos

Toro à toro

Caracorta II Alberto Lamelas

Le premier est abanto. Premier puyazo, le toro ne s’emploie pas. Il vient en marchant pour subir deux piques traseras dont il sort seul. Del Pozzo salue à l’issue du second tercio . Le toro est suelto. Alberto Lamelas le double sèchement. Le Dolores est plein de défauts. Le torero s’applique,  lui arrache derechazos naturelles et pecho sans le dominer. Mais il ne corrige aucun défaut du toro et la faena va à menos. L’épée est très basse. Silence

Clavijero Damian Castaño

Le second est magnifique et est applaudi à son entrée en piste.  Naturellement,  il est abanto. Il charge avec violence et se défend lors des deux premières rencontres puis ne s’emploie plus à la troisième. Il est mal banderillé. Damian Castaño l’amène au centre de la piste. Le toro est noblote. Les premières naturelles sont méritoires et même élégantes. La série suivante est excellente. La faena est simple, mais sincère et exposée. Quand il n’arrive pas à imposer sa tauromachie, Damian Castaño manque parfois de sérénité et se met en danger. Il termine par une série plus affirmée à droite. Pourtant le toro bouche fermée n’est pas dominé et le torero pinche avant de placer un tiers de lame pour conclure. Salut

Caracorta I Luis Gerpe

En troisième sort un burraco typé Atanasio. Lui aussi est abanto.  Il est difficile à fixer mais prend un premier puyazo en mettant les reins. La seconde pique est trasera, le toro pousse mais sort seul.  Il s’emploie fort à la troisième. Début classique par doblones, le toro est suelto. Distrait, il part aux planches.  Luis Gerpe le torée dans les tablas. Il parvient à le garder dans sa muleta . Au centre, le toro ne se livre pas et désarme le torero. La faena va à menos.  Gerpe pinche à plusieurs avant de prendre un puntazo en mettant une entière. Un avis sonne.  Le toro lutte pour ne pas tomber.  Salut. 

Carafea Alberto Lamelas

Le quatrième,  typé Conde de la Corte, est très armé.  Il chahute la cape d’Alberto Lamelas. Sans mise en suerte, il subit un très gros puyazo avant que le piquero ne soit en place.  Il s’emploie à la seconde rencontre.  Il est bien piqué à la troisième.  La quatrième aussi , la musique joue,  le président change le tercio ce qui ne plaît pas à tout le monde.  La suite lui donnera raison. Deux superbes paires de Mathieu Guillon (extraordinaire la seconde) font se lever le public et jouer la musique.  Début par cambiada serrée, le toro est noble mais marqué par le premier tiers. Le toro humilie même si cela lui coûte.  Le toro a tout laissé au cheval et n’avance plus.  Alberto Lamelas insiste inutilement. Il tue d’une épée basse et efficace. Silence

Malagueño Damian Castaño

Le cinquième est lui aussi superbe. Tête d’Atanasio et corps de Conde de la Corte, il est un vrai mélange des deux encastes.  Il est lui aussi abanto et met en danger Damian Castaño. Première pique trasera,  le toro pousse le cheval vers le centre.  Maître de la piste , il prend trois autres piques. Dès le début de faena,  le toro est éteint. Il fléchit à chaque passe. La faena est tristounette d’autant que Damian Castaño ne s’engage pas. Le toro part aux planches et le torero prend l’épée pour mettre une vilaine épée suivie de quelques descabellos. Silence

Perdigon Luis Gerpe

Ovation au dernier à son entrée en piste. Il est lui aussi suelto. Mal piqué, il se défend à la première rencontre., la seconde et ne s’emploie pas aux deux dernières.  Le toro bouscule le premier banderillero qui salue après une troisième très belle paire avec son collègue. Début de faena à droite, le toro est juste de forces. Le torero s’applique face à un toro qui manque de chispa. Luis Gerpe alterne bons muletazos et d’autres plus brouillons. Puis la faena monte en puissance pour finir par trois belles naturelles.  Luis Gerpe s’engage à la mort et tue d’une belle entière qui a elle seule vaut l’oreille accordée. Le mouchoir bleu accordé au toro est lui totalement incompréhensible.

Thierry Reboul