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Victor Cerrato, Victor Valor

Il y a quelques mois nous avions laissé Victor Cerrato, novillero en non piqué, qui venait de lidier chez Alma Serena deux utreros exigeants. La temporada a passé. Le jeune espagnol est passé en piquée. Il a toréé 20 corridas, coupé 35 oreilles et une queue.

En préparation de la prochaine temporada et pour se faire connaître des organisateurs, le protégé de Gérard Ducès a invité ce samedi les aficionados du Sud-ouest chez Jean Louis Darré.

La tienta

La journée a commencé par la tienta de deux vaches de l’Astarac.

La première est venue trois fais au cheval sans pousser et sortant seule. A la muleta, elle suit sans vraiment s’engager. Distraite, elle s’arrête à mi-passe. Victor Cerrato a une bonne main gauche. A force d’insister, il arrive à lier une bonne série de naturelles.

La seconde, plus légère que la précédente, vient de loin au cheval mais ne s’investit pas au contact du fer. A la muleta, juste de forces, elle est noble mais manque de longueur de charges ; Après quelques bons muletazos, elle finit, malgré les efforts du jeune torero par aller à menos.

La lidia de trois toros

L’après-midi est consacrée à la lidia de trois toros du Camino de Santiago. L’entourage de Victor Cerrato ne l’a pas ménagé. Les trois bichos ont plus de cinq ans et demi. Ils sont volumineux et , bien que dépointés, ils sont très bien armés. Piqué avec une puya type andalouse, choisie par le picador de Victor, les trois toros seront monopiqués et manifestement pas assez châtiés. Tous arriveront à la mort tête haute après avoir été violents dans la muleta.

Le premier est suelto. Il met la tête dans la cape mais s’arrête à mi-passe. Il prend un puyazo carioqué en poussant. Le novillero banderille et écourte le premier tiers.  Peu piqué, le toro est compliqué à banderiller. A la muleta, il est violent et a une charge courte. Victor Cerrato le double et enchaîne sur une bonne série à droite. Le Camino, tardo, s’arrête à mi-passe. A gauche, le novillero donne trois bonnes naturelles . Le toro devient de plus en plus compliqué et avisé  Le combat est âpre et met en évidence le courage du torero qui fait front et ne recule jamais.  Trois entrées à matar, à un bicho qui a gardé la tête haute, sont nécessaires pour conclure.

Le second est aussi costaud que le premier et en plus est playero. Il sort abanto. Il pousse au contact du fer. La rencontre est longue et pourtant insuffisante. Le toro arrive à la muleta très violent, avec du genio . Il ne se libèrera jamais et imposera au torero un combat permanent. Il est normal que, malgré son courage, le jeune novillero éprouve quelques difficultés dans un contexte qui exige une grande expérience.  Victor s’arrime, impose au toro de baisser la tête. Il l’ui impose’oblige de rester dans la muleta et arrive à lui arracher de bons derechazos. Sur un extraño, le toro prend spectaculairement le novillero qui subit une impressionnante voltereta. On craint le pire.  Après quelques minutes de récupération, Victor revient en piste pour tuer le toro de deux tiers de lame basse.

Le troisième est plus léger que les deux premiers. Il met mieux la tête dans la cape que ses collègues. Il prend un puyazo en mettant les reins. En poussant, il fait reculer le groupe équestre et obtient une chute.  A nouveau, le torero interrompt le premier tiers alors que le Camino aurait nécessécité une nouvelle pique.  Correctement banderillé, le bicho amorce une vuelta de campana avec une forte torsion au niveau des cervicales.  Il en gardera quelques séquelles tout au long de la faena.  A la muleta, il est, lui aussi, brusque et violent. En revanche si on l’oblige trop par le bas, il tombe. Victor, visiblement marqué par les efforts, s’arrime et tire quelques bons muletazos avant de tuer d’une entière basse et un descabello.

Victor Cerrato, dans un contexte difficile compte tenu de la complexité du bétail, a montré qu’il avait énormément de courage là où d’autres , même plus expérimentés, auraient rapidement abrégé. Ses moyens physiques lui ont permis de faire face lors des trois combats qu’il a livrés. Il a une très bonne main gauche. Le jeune novillero mérite d’être revu face à un bétail plus adapté à son expérience devant lequel il pourrait montrer une facette plus artistique.

Thierry Reboul

(photos Maryse Luciano)

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