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Vieux Boucau, retenter le coup gagnant

Vieux Boucau, retenter le coup gagnant

En 2023, la Peña La Mariposa a fêté ses vingt ans en organisant une corrida au cartel des plus attractifs. Les organisateurs de la cité balnéaire ont décidé de renouveler l’expérience en programmant une corrida d’El Pilar avec au cartel Sébastien Castella et Fernando Adrian, le 15 septembre à 17h. Tertulias a rencontré Gilles Duchon, le Président de la Peña, pour qu’il nous présente cet évènement.

Tertulias : « Depuis quand y-a-t-il des novilladas ou corridas à Vieux Boucau ? »

Gilles Duchon : « L’histoire de la corrida à Vieux Boucau date de 1969. Les arènes ont été construites en 1963 et inaugurées en 1964. Ce sont des arènes de type espagnol avec des corrales et une piste ronde. Elles ont été conçues pour y donner des courses landaises et des corridas ou novilladas. La novillada inaugurale a eu lieu le 15 août 1969. En 1970 , il y a eu une novillada en juillet et une en août. En 2003, nous avons monté avec un groupe d’amis la Peña « La Mariposa » avec l’intention de développer et pérenniser la tradition taurine espagnole sur Vieux Boucau. Ces arènes portent le nom de Joseph Laudouat, maire pendant vingt ans, et qui est le grand-père d’André Viard notre matador local. »

Tertulias : « Qui organisait les novilladas au début ? »

Gilles Duchon : « A la base, il y avait une empresa dirigée par Rafael Garcia qui gérait aussi Saint Sever, Soustons et d’autres arènes du Sud-ouest pour l’organisation de novilladas. Ensuite, c’est André Viard qui a repris la main. Se sont produits dans nos arènes des toreros prestigieux comme José Luis Galloso, Roberto Dominguez, les frères Campuzano , Victor Mendès. Il y a eu aussi les Français comme Richard Milian, Patrick Varin et aussi bien sûr André Viard. Dans ces novilladas il y eut aussi des élevages de renom comme le Marquis de Albaserrada, Baltasar Iban et Juan Pedro Domecq. »

Tertulias : «  A partir de quand La Mariposa a pris en charge l’organisation? »

Gilles Duchon : « En 2006, nous avons monté notre premier spectacle avec une corrida portugaise avec des toros de Gallon et Tardieu avec Raul Martin Burgos et Patricia Pellen en juillet. Le 22 août, nous avons donné notre première novillada non piquée avec des novillos de Pagès-Mailhan pour Tomas Cerqueira et deux toreros sud-américains. La novillada a très bien fonctionné. Les trois toreros sont sortis en triomphe et un toro a fait une vuelta posthume. Jusqu’en 2013 nous avons continué avec une corrida portugaise et une non piquée. Nous avons déplacé la novillada au dimanche des Fêtes de Vieux Boucau (premier week-end) de septembre.  On a commencé à réfléchir à une autre formule. »

Tertulias : « Pourquoi passer de la novillada à la corrida ? »

Gilles Duchon : « 2023 était l’année des vingt ans de notre Peña. Nous avons décidé pour marquer le coup en montant une corrida. On a voulu faire quelque chose qui reste dans notre histoire et celle de notre village. Nous avons réfléchi, discuté puis on s’est lancé et cela s’est concrétisé le 17 septembre 2023. »

Tertulias : « Au départ, cette corrida devait être un évènement unique, qu’est ce qui vous a amené à renouveler l’expérience ? »

Gilles Duchon : « Ce devait être effectivement un one-shot pour célébrer les 20 ans. Même si la météo n’a pas été de la partie, la journée s’est très bien passée. Fernando Adrian a coupé quatre oreilles, Sébastien Castella une, Clemente deux. Un des toros a fait la vuelta.  Pour un one-shot c’était quelque chose de bien. Ensuite l’Aficion locale, la presse, les professionnels nous ont félicité. Tout le monde nous a incité à recommencer.  

Cet hiver avec les membres du bureau de la Peña nous avons beaucoup réfléchi puis on a décidé de retenter le coup. »

Tertulias : « En 2023, le bilan artistique a été très bon. Au niveau du public, il y avait du monde mais la météo a pénalisé l’affluence. Qu’en est-il du bilan économique ? »

Gilles Duchon : « A 17h, à l’heure du paseo, nous étions en alerte orange météo. Il y a des endroits dans les Landes où il a fait bien plus mauvais que chez nous. Ceux qui étaient présents se souviendront qu’il n’a pas plu, et que la corrida s’est finie sous un rayon de soleil.  Cette météo nous a pénalisé, certaines personnes, qui avaient l’intention de venir, se sont abstenues. Financièrement cela a été un peu juste.

Mais on voulait faire un évènement pour nos 20 ans sans partir la fleur au fusil. On participe aux fêtes du village, on fait des animations et des spectacles. En particulier, on organise avec succès des concours de recortadores en juillet et août. On est une Peña dynamique et nous nous sommes lancés dans cette organisation en 2023 avec des réserves qui permettaient de le faire. Ce ne ce sont quelques dizaines de places qui nous ont manqué pour équilibrer. »

Tertulias : « Comment monte-t-on un cartel pour amener du monde en quantité sur les gradins et pérenniser cette date ? »

 Gilles Duchon : « Soit on monte une corrida avec des toros plus classiques et des toreros de groupe B ou C , soit on monte un cartel comme celui de 2023. Je suis plutôt toreriste. J’aime les figuras et leur toreo. Si cette année on propose une corrida de Prieto de la Cal, les gens ne vont pas comprendre notre ligne directrice.

Nous restons donc sur la même philosophie. L’an dernier, il y a eu un très joli lot de Victoriano del Rio. Cette année, les Pilar, pour une arène de troisième catégorie, sont très homogènes et très bien faits. La question du Printemps était de définir le cartel piétons. Pour Fernando Adrian sorti, l’an dernier, par la Grande Porte avec quatre oreilles c’était une évidence. Il a triomphé cette année encore à Madrid. Nous sommes l’arène française qui l’a présenté comme matador de toros. En 2024, il a triomphé dans les grandes arènes françaises. »

Tertulias : « Pourquoi avoir opté pour un mano a mano? »

Gilles Duchon : «  Sébastien Castella a été très compréhensif avec nous en 2023. A la fin de la corrida, il avait un grand sourire. Le Maestro a laissé la porte entrouverte en nous disant que ce serait dommage de ne pas faire vivre une arène comme celle-la. Il nous a dit que si nous avions besoin de lui, il serait là. Quand on a un maestro qui nous tient de tels propos, il n’est pas envisageable de nous passer de lui. Cet homme très attachant, tient toujours ses promesses. Quand nous l’avons contacté pour la corrida de cette année, il a spontanément dit oui.

D’un côté, on a un très grand torero, Français de surcroît, qui se prend d’attache pour nous et de l’autre Fernando Adrian le  torero qui monte, qui a ouvert trois fois la Puerta Grande de Las Ventas. L’idée nous est apparue comme évidente de les mettre en confrontation dans un mano à mano. Tout l’intérêt va être dans l’opposition des deux toreros différents mais importants. »

Tertulias : « Pourquoi le choix d’un lot d’El Pilar ? »

Gilles Duchon : « Nous avons choisi cette ganaderia parce que nous cherchions un encaste d’origine Domecq. Nous devions renouveler Victoriano del Rio, mais pour des raisons diverses cela n’a pas pu se faire. Au printemps on s’est retrouvé sans toros dans une période compliquée. Les cartels sont déjà bien avancés et donc les lots déjà réservés. En cette temporada, il y a peu de toros sur le marché car il y a quatre ans, c’ était le COVID et à cette époque les ganaderias ont drastiquement réduit leur cheptel.

Nous avons fait le tour des élevages pour trouver huit toros d’un même fer qui nous convenaient. Nous avons repoussé le plus tard possible l’option de prendre des animaux de plusieurs fers, qui était aussi une possibilité. Le lot de chez El Pilar est un lot homogène, joli de présentation. Tous les toros sont castaños ou colorados. Ils nous convenaient, les deux matadors les ont validé. Il ne faut pas oublier non plus, que l’an dernier, Sébastien Castella a triomphé à Dax avec cet élevage. »

Tertulias : « D’où vient le public de Vieux Boucau ? »

Gilles Duchon : « On a constaté que Sébastien Castella draine énormément de public. L’an dernier 70% du public venait des Landes .  On a touché des gens de Gironde, Pyrénées Atlantiques, Gers et aussi de Toulouse. Pour ceux qui ont un pied à terre à Vieux Boucau ou aux alentours, c’est l’occasion de passer un week-end dans notre cité. »

Tertulias : « Quel est, outre la corrida, le programme de cette journée du 15 septembre ? »

Gilles Duchon : « L’an dernier ce que nous avons proposé a plu. Nous reproduisons donc le programme de l’an dernier pour cette édition 2024. A 10h, le centre équestre Mont Royal de Léon proposera dans le parc qui jouxte les arènes des promenades à poney pour les enfants et en calèche. A 11h, il y aura une becerrada avec l’école d’aficionados practicos de nos voisins de Soustons « La Marensiña ». L’an dernier cela s’était très bien passé et cette année , ils reviendront pour faire une démonstration face à deux becerros ou becerras de la ganaderia du Vert Galant.

Quand cela se terminera, comme on est dans les Landes, notre bodega, sous les arènes, et le chapiteau seront ouverts pour partager le verre de l’amitié. Vers 13h30 nous proposons un repas (cochon de lait cuit au feu de bois sur place). »

Tertulias :« En quelques mots, quelles ont les activités de la Peña La Mariposa en dehors de l’organisation de la corrida? »

Gilles Duchon : « La Mariposa , ce sont les toros mais pas que les toros. On est chaque année entre 120 et 130 membres. Après notre notre réunion de rentrée de fin d’hiver durant le printemps , nous faisons des soirées à thème. Nous organisons des voyages taurins mais aussi de découvertes. Il y a deux ans , pour remercier tous ces bénévoles, nous sommes allés chez Pablo Hermoso de Mendoza. »

L’été depuis 2011, nous organisons deux concours de recortadores que nous appelons « Toro Défi ® ». Seize garçons viennent d’Espagne recorter devant des toros en pointe. Le public en juillet et août, en grande majorité composé d’estivants, apprécie beaucoup ce type de spectacle.  C’est beaucoup de travail. Le gros morceau, ce sont les Fêtes de Vieux Boucau où on reçoit de plus en plus de monde. Nous avons donné en 2004 une impulsion à des Fêtes qui avaient besoin d’être dynamisées. Cela a donné une autre dimension à ces Festivités mais cela apporte du crédit à notre association. »

Tertulias :« Est-ce que des jeunes intègrent la Peña? »

Gilles Duchon : « On a quelques jeunes qui rentrent et qui sont précieux. Cela nous apporte du peps, de l’énergie dans notre activité. Quand ils découvrent ce qu’est l’organisation de ce type d’évènements et qu’ils y prennent du plaisir, ils invitent des amis à nous rejoindre. On les accueille à bras ouverts. »

Tertulias :« Est-ce que le fait d’être organisateurs de corrida n’est pas attractif? »

Gilles Duchon : « Les gens nous considèrent comme un association de Vieux Boucau très active. La corrida, c’est juste un plus dont tous les membres de l’association sont très fiers. « 

Tertulias :«Comment fonctionne la taquilla pour l’instant? »

Gilles Duchon : « Elle fonctionne bien. Les réservations vont s’accélérer après Toros y Salsa. Il y a beaucoup d’achats le jour de la corrida »

Tertulias :  « Qu’est ce qui fera que les organisateurs seront contents le 15 septembre à 20h ? »

Gilles Duchon : « En tant que Président de la Peña organisatrice, la première chose sera le remplissage des gradins. Mais je place aussi sur un pied d’égalité, le fait qu’à 19h30 la Grande Porte s’ouvre et que je vois des toreros sortir en triomphe. Ma satisfaction viendra du fait que les toros embistent car je sais que devant il y a deux garçons qui sauront les exploiter. Le public dans les gradins dépendra aussi de la météo. De notre côté, les gens de la Peña avec notre consultant Michel Bertrand, nous avons tout fait pour que cela fonctionne. »

Merci Gilles pour cette présentation de la corrida du 15 septembre à Vieux Boucau.  Suerte à toute l’équipe de La Mariposa. La réservation pour le repas et la corrida sont possibles en ligne à l’adresse   http://www.billetweb.fr/pro/mariposa

Propos recueillis par Philippe Latour et Thierry Reboul

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